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De l'invention de l'Alphabet à la naissance des civilisations mondiales et internationales. "Le Liban est grand dans l’histoire de la civilisation"

Les pages qui suivent veulent rappeler ou montrer aux Libanais, à leurs amis et à tout humain de bonne volonté, combien le tout petit Liban est grand dans l’histoire de la civilisation. Car, les Etats-Unis d’Amérique, à l’apogée de leur puissance, ne peuvent se vanter, comme le Liban, d’avoir inventé l’alphabet phonétique, d’avoir posé les principes de l’architecture, d’avoir enseigné à l’Europe et à l’Afrique l’agriculture, d’avoir créé la navigation, d’avoir découvert les lois de la science, d’avoir mis la pensée humaine en systèmes philosophiques, d’avoir mérité comme Beyrouth le titre de "mère des lois". L’alphabet chinois mis à part, l’alphabet de Byblos est la source et l’ancêtre de tous les alphabets phonétiques connus et utilisés dans le monde d’aujourd’hui. Composé de 22 lettres, il fut inventé vers le XIIIème siècle avant Jésus-Christ. Et le Liban sera pionnier pour donner son nom au Livre des livres "La Bible" , pour composer le livre, le transcrire, le traduire, le conserver et le colporter et, partant, avec Cadmos (au témoignage d’Hérodote), pour enseigner aux Grecs à lire, à écrire et à composer (les fouilles ont montré que le Liban composa à Byblos le livre scolaire 2200 ans av J-C). Jack Lang, alors ministre français de la culture, écrivit dans sa présentation de l’ouvrage "Le livre et le Liban" paru en 1982 grâce à l’Unesco : « Chaque fois que nous prononçons le mot bibliothèque, nous disons le nom de Byblos, petite ville de la côte libanaise que les Grecs ont identifiée à la matière même du livre… Par le moyen de l’écriture et du livre, un pont a été jeté entre les deux rives de la Méditerranée ». Par ailleurs, relisant l’histoire, Pierre Hubac, dans son livre ‘Carthage’, écrit : « Le jour où les Romains ont brûlé Carthage, ils ont fait perdre à l’humanité 2 mille ans de civilisation ». C’est un homme de Byblos qui bâtit un jour la première maison en pierre taillée et affûta 7 colonnes de bois de cèdre pour supporter sa toiture (cf. la maison de la Sagesse dans le livre des Proverbes 9, 1). Et Strabon, un voyageur grec d’il y a deux mille ans, de passage à Tyr, écrivait : « A Tyr les maisons sont constituées de plusieurs étages. Elles sont bâties à des hauteurs inconnues jusqu’à présent » (Géographie de Strabon, 13, 3/22). Les architectes de Tyr n’ont pas bâti de palais qu’au Liban : le roi Salomon leur fit construire son palais pendant 13 ans, et ensuite le Temple de Jérusalem en l’espace de 7 ans. Aussi, à ce propos, Charles Corm, dans une conférence de 1947 au Cénacle Libanais intitulée ‘Six mille ans de civilisation’, disait-il : « C’est sans doute, de ces émouvantes premières tentatives d’architecture rationnelle, que devaient sortir plus tard, par une longue suite de réussites et de progrès, les chefs-d’œuvre de Baalbek, de sainte Sophie, de la mosquée d’Omar et d’Alhambra, qui s’engendrent les unes les autres. Sans parler de Chartres, de Strasbourg et de Cologne qui les continuent. Première maison du premier homme ingénieux, n’êtes-vous pas l’une des reliques les plus précieuses de l’aventure humaine dans ce bas-monde ? ». Ce n’est pas sans raison que l’Histoire a surnommé la plaine de la Békaa le Grenier de Rome. Les historiens romains racontent que Caton, au IIème siècle av J-C, « exhiba des fruits carthaginois en plein Sénat romain pour exciter la convoitise des paysans romains sur cette terre fertile et sans défense ». E. Savoy, dans son ouvrage monumental ‘L’agriculture à travers les âges’, écrivit en 1935 : « Les colonies phéniciennes furent célèbres et elles exercèrent une influence marquée sur le développement de l’agriculture… L’olivier sauvage greffé par les Carthaginois produisit les meilleures olives du monde… Les Phéniciens enseignèrent l’agriculture à l’indigène des colonies, lui fournirent le plant, l’outil, l’eau et de quoi manger en attendant les fruits des arbres… Ils l’initièrent aux méthodes d’irrigation, le dotèrent de barrages, de puits, de citernes ». Magon, au IIIème siècle av J-C, écrivit en phénicien un traité d’agriculture de 28 volumes : c’est le seul ouvrage de la bibliothèque de Carthage que les Romains épargneront à l’incendie, traduiront en latin et répandront à travers leur immense empire. Le navire est né sur la côte libanaise : tous les historiens en conviennent. Sanchoniaton, un Beyrouthin du XIIème siècle av J-C, raconte : « Un jour, fuyant devant un incendie de forêt, Ousos se jeta à la mer, se cramponnant à un tronc d’arbre, pour aller échouer sur la côte de Tyr. Il venait de découvrir la possibilité de la navigation ». Les Phéniciens ont construit une triple flotte : une marine marchande, une autre guerrière et une troisième pour la pêche. Ils importaient surtout l’étain des îles Cassitérides de Grande-Bretagne (d’où son nom ‘Kasdir’), selon Strabon III, 176 ; l’argent d’Espagne (Le Timée en parle) et le cuivre de Citium à Chypre. Ils exportaient le fer, le bois et des marchandises de toutes sortes, notamment les étoffes pourprées et le verre transparent. Vers 573, Clinikos de Baalbek inventa le ‘feu grégeois’ : un mélange d’asphalte, de soufre et de poix qui brûle sur l’eau et sert à incendier les navires. On lit dans le Timée : « A 4 jours de navigation de Gadès, les Phéniciens pêchaient des thons immenses trouvés à marée basse dans une zone encombrée de joncs. Ces poissons étaient mis en conserve et envoyés à Carthage, d’où ils étaient exportés ou consommés sur place ». Homère témoigne dans l’Iliade : « Les Phéniciens sont les meilleurs navigateurs du monde ». Et les célèbres ports de Tyr, de Sidon, de Byblos et de Carthage ne sont pas seulement des rades naturellement sûres, mais ils ont été aussi créés par les Phéniciens. A Tyr et à Sidon, les Phéniciens domptèrent les deux ennemis des ports, à savoir, la houle et l’ensablement. Enfin, selon Strabon, « les Phéniciens furent les informateurs d’Homère pour les voyages d’Ulysse ». De fait, leur odyssée toucha à des rivages jusqu’alors inconnus. Ils dépassèrent les colonnes d’Hercule (le détroit de Gibraltar) avec Hannon de Carthage au milieu du Vème siècle av J-C, firent le tour de l’Afrique et donnèrent probablement son nom au Cameroun (Camer Ayoun, un mot phénicien signifiant ‘char des dieux’). Et, bien avant Christophe Colomb, un navire phénicien du VIème siècle av J-C se détacha d’une flotte qui contournait l’Afrique pour échouer sur la côte du Brésil à Ponso-Alto où une stèle, découverte en 1872, portait en phénicien le texte suivant : « La 19ème année du règne de Hiram, une flotte quitte la mer des Joncs pour aller fonder des colonies. Ce bateau échoue sur la côte du Brésil. L’équipage est composé de 12 hommes et de 3 femmes sous le commandement de Métu-Astarté ». Strabon affirme dans sa Géographie, au 16, 2, 24 : « Pour ce qui concerne les Sidoniens, l’Histoire nous apprend qu’ils étaient au long des siècles un peuple de philosophes et de savants ». Thalès, Pythagore et leurs disciples ont apporté de la côte phénicienne la pensée systématique longuement préparée par les écoles de Tyr et de Sidon et qui a trouvé son épanouissement à Milet longtemps avant de parvenir à Athènes. Diogène de Laërce (IIIème siècle), citant Hérodote, Démocrite, Platon et Douris affirme : « Thalès, membre de la famille des Thélides, descend en droite ligne d’Agénor, roi de Tyr, et de Cadmos ». Chassé de Phénicie, Thalès (625 – 547 av J-C), le tout premier philosophe connu, fonda son école à Milet. En homme du théorème, il appliqua sa spéculation mathématique à la mesure de la hauteur de la grande pyramide. Il passe pour avoir le premier étudié l’astronomie et prédit les éclipses du soleil et les solstices. Pythagore (né dans la 1ère moitié du VIème siècle av J-C), le mathématicien (cf. le théorème de Pythagore) à la cuisse en or, est d’une origine phénicienne attestée par Aristote, Strabon, Porphyre de Tyr, Jamblique et Clément d’Alexandrie (cf. Ildefonse Sarkis, ‘Le Liban, son rôle civilisateur’, Liban 1994, p. 137). Il a élevé l’arithmétique au-dessus des besoins des marchands. Jean Guitton fait référence à ce disciple de Thalès lorsqu’il écrit : « Einstein a chassé de la science ce qui restait en elle d’imaginaire. Il a enfin vérifié Pythagore. Désormais, tout se réduit à la mesure. Et comprendre c’est mesurer ». Mochos de Sidon, c’est de lui que parle Jamblique de Chalcis (cf. Jamblique 14) : « Après s’être séparé de Thalès, Pythagore se rend à Sidon où il converse avec Mochos le prophète et le physiologue ». Strabon affirme dans sa Géographie 16, 2, 24 : « La théorie de Démocrite sur l’atome est d’origine phénicienne. On la doit à Mochos de Sidon ». Mochos aurait enseigné en prophète : « La matière est formée de particules infinitésimales enveloppées de beaucoup de vide. Ces particules sont des tomes plutôt que des atomes. Mais désagrégés, ces tomes produisent un feu capable de brûler une ville ». Tous les historiens arabes ont affirmé qu’Euclide, père de la géométrie, est né à Tyr vers 306 av J-C, ce que reconnaît Clément d’Alexandrie dans les Stromata 16, 61. L’Encyclopedia Britannica lui rend hommage en ces termes : « Parmi les textes scientifiques écrits il y a deux mille ans, les textes d’Euclide sont les seuls qui n’ont pas subi de transformation. La géométrie qui doit prendre la place de celle d’Euclide n’a pas encore vu le jour.

Elle ne le verra probablement jamais ». Enfin Marin de Tyr est né vers la fin du 1er siècle de notre ère. En père de la géographie, il établit des cartes géographiques, constata la rotondité de la terre, traça des longitudes et des latitudes et en préconisa la mesure. A bien réfléchir, en toute modestie et avec beaucoup d’exactitude, nous pouvons dire que toute école philosophique eut son éclosion au Liban et se épercuta ensuite à travers temps et espace pour constituer le sommet de la pensée humaine du monde ancien : Ecole atomiste de Sidon avec Mochos, Ecole de Milet avec Thalès, Ecole éthique de Crotone avec Pythagore, Ecole ascétique stoïcienne avec Zénon de Citium à Chypre (dont l’épitaphe disait : « Il te suffit, ô Zénon, d’être né en Phénicie »), Ecole néoplatonicienne spiritualiste avec Porphyre de Tyr… Et, au IIème siècle av J-C, deux Phéniciens dominent la pensée philosophique à Athènes : Diodore de Tyr, péripatéticien, et Zénon de Sidon, épicuriste. Aussi la chaîne de transmission du savoir entre Milet et Athènes peut-elle être ainsi schématisée, avec deux Phéniciens de génie au moins : de Thalès à Phérécyde, puis à Pythagore, ensuite à Anaximène et enfin à Anaxagore qui fut le professeur de Socrate à Athènes. Par conséquent, s’il faut parler d’un miracle grec, il ne devra jamais plus s’agir comme d’une génération spontanée mais plutôt du simple épanouissement dans des conditions, plus adéquates que celles de la côte libanaise, de semences d’un véritable génie phénicien primordial. C’est ce génie-même qui créa la cité avec ses impératifs de sécurité (doubles sinon triples murailles), de lois/institutions (qui emportaient l’admiration d’Aristote), de bien-être (avec, sur le plan sanitaire, des preuves de crânes trépanés et de dents ingénieusement maintenues avec un fil d’or savamment enroulé), de culture (une très riche bibliothèque existait dans chaque ville de la côte phénicienne et à Carthage), d’industrie (métallurgique : invention du bronze, du fer aciéré et du travail raffiné des métaux précieux ; de la verrerie : invention du verre transparent et coloré avec signature de l’auteur ; du textile : avec la pourpre qui distinguait absolument Tyr et dont une robe devait revenir à l’équivalent de 2000 dollars US) et de commerce (avec des colonies et comptoirs au-delà du bassin méditerranéen : cf. le livre d’Ezéchiel 27, 9 – 26, décrivant l’opulence de Tyr et de ses relations commerciales). En guise de modeste bibliographie, nous citons : celle de l’ouvrage d’Ildefonse Sarkis déjà mentionné et dont nous nous sommes bien inspiré ; Sous la direction de Boutros Dib, ‘Histoire du Liban : des origines au XXème siècle’, Ed. Philippe Rey, octobre 2006 ; Jean Mazel, ‘Avec les Phéniciens : à la poursuite du soleil sur la route de l’or et de l’étain’, Ed. Robert Laffont 1968 ; Emile Eddé, ‘Les Phéniciens ont-ils découvert l’Amérique ?’, Ed. Aleph, Liban 2006; Jean Ferron, ‘Orants de Carthage’ et ‘Mort-Dieu de Carthage’ Paul Geuthner - Paris 1974 et 1975...

Éditeur de FOIRALLE publie avec plaisir les propos reccueillis par Mgr Saïd Elias Saïd, Vicaire patriarcal maronite en France et directeur du Foyer Franco-libanais, rue d'Ulm Paris 5e (Pantheon-Sorbonne) qui sont d'une grande importance pour jetter un peu de lumière sur une vérité historique négligée. Pourtant la naissance de deux garandes civilisations antiques médicterranéennes comme la grecque et la romaine et aujourd'hui l'occidentale avec ses deux ailes européenne et américaine dont leurs racines se prolongent outre les frontières européennes, ou euro-américaine (transatlantique). L'Union méditerrannéenne prêché par la France, mais intellectuellement et culturellement a pris naissance avec le Meeting méditerranéen en Italie 80-90 (Catanie en Sicilie) institutionalisé au sommet de Barcelone en 1995 (EuroMed). Aucune perspective futuriste sans le rôle fondamental du Liban.

Propos recueillis par Mgr Said Recteur du Foyer Franco-Libanais

Après un temps à la publication de ses propos, ma visite récente pour l'exposition "La Méditerranée des Phénciens" organisée par l'Institut du Monde arabe à Paris ont porté un appui scientifique sur ses propos.

Éditeur de FOIRALLE

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